Années 2014/2015

Cette première expérience remonte à mes années au collège, je devais avoir 15 ans. Déjà à cette époque, je savais que je voulais devenir professeur. Néanmoins j’hésitais encore entre professeur de français, professeur d’arts plastiques ou professeur des écoles. A cette époque, mon père d’origine algérienne avait reçu une sorte de formation afin d’apprendre le français. En effet, il savait le parler, dans le sens où il avait assez de bases pour pouvoir s’exprimer et se faire comprendre par ses collègues. Cette formation était donc l’occasion rêvée pour approfondir ses connaissances, notamment en ce qui concerne la conjugaison, l’écriture des chiffres et nombres en lettres, etc. 

Ainsi, durant quelques mois, il avait des heures de classe. Et qui dit classe, dit devoirs et évaluations. C’est de cette façon que chaque jour lorsqu’il rentrait nous nous mettions dans la cuisine autour de la table afin de faire ses devoirs. C’était au départ très compliqué, tous les exercices qui lui étaient proposés, j’en connaissais la réponse avec certitude. Pourtant, je devais me faire violence pour ne pas lui donner bêtement les réponses. J’avais donc décidé de procéder comme mes professeurs à l’école primaire me l’avaient appris, comme ma maman avait toujours fait avec moi, ou comme ma cousine d’un an plus âgée faisait lorsque l’on révisait ensemble chez elle ou chez moi. 

En effet, déjà à l’école primaire je m’étais retrouvée à aider certains de mes camarades notamment lors de dictées à corriger. L’envie de donner la réponse est encore plus forte lorsqu’on est en primaire, pourtant l’enseignante m’avait bien fait comprendre que donner la réponse n’allait pas aider mes camarades. Le but était de les guider vers la bonne réponse, les laisser réfléchir par eux-même, et en dernier recours leur donner la réponse mais en expliquant pourquoi et comment on arrivait à ce résultat. En y réfléchissant, ma maman utilisait la même technique lorsqu’il s’agissait de m’aider à faire mes devoirs de mathématiques ou de physique chimie. 

C’est donc de cette manière que j’ai moi-même procédé avec mon papa. Par exemple, dans un exercice où il fallait conjuguer différents verbes, je regardais ce qu’il écrivait sans rien dire, j’attendais qu’il termine avant de le corriger en disant d’abord que certains verbes étaient mal conjugués mais que néanmoins, c’était très bien car il avait retenu les terminaisons (il avait beaucoup de mal au départ). L’aider et lui expliquer certains points était difficile, comment pouvais-je faire comprendre une notion qui me paraissait normale à une personne pour qui le français était presque nouveau? J’ai donc dû apprendre à répéter, trouver différentes façons d’expliquer un même point. Je cherchais aussi des exemples qui le concernaient personnellement je me disais que s’il était au centre de ces derniers il comprendrait mieux l’explication.